Pointilleuse sur les points au point de mettre les points sur les i
En cette journée si pluvieuse, qu'on a l'impression de revivre un mauvais remake de 2008, que la récession économique s'installe dans notre quotidien, je veux vous dire à quel point je suis pointilleuse sur les points qui me touchent au point de vouloir mettre aujourd'hui les points sur les i à l'Atelier Nomade.
Selon Pierre DAC, le chemin le plus court d'un point à un autre est la ligne droite, à condition que les deux points soient bien en face l'un de l'autre.
Aussi, sans ambages, je vous déclare que j'en ai ras le bol d'aligner des points de croix, à chacune la sienne. Mes amies de l'Atelier Nomade, ne restons pas les bras en croix, refusons la dictature de ce point trop simple pour ne pas être un rond, un triangle ou un losange. Aligner des croix, quelle sinécure à croire que les conflits si meurtriers n'ont servi à rien, hormis offrir des croix de bois à une jeunesse définitivement perdue. Aucune fantaisie, des croix, toujours des croix, même le jeu du morpion se fait plus original...
Ah, vous me direz, ce n'est qu'un point de détail, un petit point insignifiant. Je m'insurge contre le point de croix. Je vous convie à broder autre chose avec par exemple le point d'oeillet, ni fleurs, ni couronne en guise d'épitaphe posthume pour service rendu à la communauté des brodeuses. Revenons un instant sur le fameux oeillet au petit coeur d'où partent une multitude de rayons colorés.
Gare aux simples points. Souvent, un point de vue équivaut à ne pas avoir de point de vue ou à ne voir qu'un seul et unique point. Et à force d'habitude, on risque de boucler sur un point de boucle. Cercle infernal des gestes automatiques, qui d'entre nous ne s'est pas surprise le soir venu à broder un fil invisible sur une toile imaginaire... comme si nous avions une araignée au plafond...
Et d'araignée en araignée, nous voilà avec un joli point d'araignée. J'entends déjà des cris d'effroi de la part de quelques copines arachnéophobes, mais je les rassure de suite, celles-ci ne piquent plus une fois mises sur la toile. Pointillisme proche de l'Ecole des impressionnistes, point par point, la fleur se devine, elle se dessine et prend toute sa dimension une fois le soleil revenu. Il pleut toujours et le ciel reste désespérément gris.
Le point de satin, quant à lui, me rappelle les bannières de mon enfance que l'institutrice me demandait de dessiner pour orner mes cahiers scolaires. A chacune aussi, sa madeleine de Proust au goût si tendre, ce petit souvenir qui resurgit au hasard d'un point formant un tapis vert et des ruches. L'esprit s'évade et vagabonde volage, ne se laissant pas enfermer pour une série de points de croix.
Je vous lance, chères amies, ce défi de présenter sur vos blogs respectifs un point original, autre la croix qui censurerait parfois une bannière trop rapidement exécutée avec en guise d'illustration un zéro pointé ! Mais promis, vous viendrez mettre un lien vers cet article dans un commentaire sur l'Atelier Nomade. Je compte sur vous et point de désistement.
Il est temps de clore le chapitre, non pas par un point final, ni même un point de nœud coulissant autour de mon aiguille, mais par un ravissant ruban rose symbole de la lutte contre le cancer du sein. A Dieu et ses saints !
Il pleut toujours et encore, je retourne reposer ma tête sur mon coussin brodé de petits points... et atteindre le point de grâce en écoutant la mélodie de la pluie.